582 personnes se sont déclarées « autre genre » que masculin ou féminin lors du dernier recensement national au Canada. Face à ce chiffre minuscule au regard de la population totale, une réalité s’impose : la société peine à donner une place à toutes les nuances du spectre de genre, alors même que le vocabulaire et les symboles se multiplient en ligne, portés par celles et ceux qui vivent ces identités au quotidien.
L’apparition de nouveaux termes, de drapeaux distincts et de symboles éclaire la façon dont les personnes concernées nomment des expériences qui ne rentrent pas dans les cases traditionnelles. Ces mots, ces couleurs, ne sortent pas de nulle part : ils sont le fruit de réflexions collectives, parfois consignées dans des blogs spécialisés ou des ressources créées par et pour la communauté, pour mieux se comprendre et s’affirmer.
Plan de l'article
Comprendre la diversité des identités de genre aujourd’hui
Le concept de genre ne se réduit plus à une simple opposition homme/femme. Beaucoup s’interrogent sur ce que signifie le genre assigné à la naissance et revendiquent une identité qui sort du cadre binaire. Dans ce contexte, les genres non binaires trouvent leur place, avec des termes comme demigirl, demiboy ou deminonbinaire qui expriment chacun une manière singulière de se situer.
Pour mieux comprendre la diversité de ces identités, voici les grandes distinctions en quelques mots :
- Demigirl : sentiment d’appartenir en partie au genre féminin, sans s’y sentir totalement inclus·e.
- Demiboy : expérience similaire mais en lien avec le genre masculin.
- Deminonbinaire, demineutrois, demiagenre : vécus partiels vis-à-vis de genres non binaires ou neutres.
Si la communauté LGBTQ+ intègre ces réalités, la reconnaissance officielle reste rare. Les personnes concernées, souvent confrontées à l’incompréhension, affirment leur expression de genre à travers leur apparence, leurs pronoms, leur manière de se définir. L’identité de genre se construit et se transforme au fil des parcours personnels, loin de toute rigidité.
La binarité de genre continue d’imposer ses repères dans la plupart des sociétés. Pourtant, les témoignages se multiplient, les concepts circulent, et de nouveaux mots bousculent les frontières. Les forums, blogs et réseaux sociaux offrent aujourd’hui un espace de légitimation à celles et ceux dont la réalité échappe à la dualité femme/homme.
Demigirl : définition, origines et spécificités de ce terme
La notion de demigirl se distingue au sein des genres non binaires et vient enrichir la compréhension des parcours de genre. Concrètement, une demigirl est une personne qui se sent partiellement, mais pas complètement, fille ou femme. Ce rapport au féminin peut être modulé, fluctuant, ou s’exprimer de façon nuancée selon chacun·e. Les synonymes demifille et demifemme désignent cette même réalité.
L’identité demigirl ne dépend pas du sexe assigné à la naissance. Une personne peut être assignée femme (AFAB), homme (AMAB) ou X (AXAB) et se reconnaître dans cette identité. Ce qui compte, c’est la façon dont elle se relie (ou non) au féminin. Cela la distingue du genre féminin classique, tout en revendiquant une part d’affinité avec celui-ci.
Le terme demigirl apparaît d’abord en 2010 sur le forum AVEN, sous la plume de Bad Patient, avant d’être intégré à sa liste de genres la même année. Marilyn Roxie, via le site Genderqueerid, contribue ensuite à sa diffusion et à sa documentation.
Des variantes telles que demiboy, deminonbinaire, demineutrois ou demiagenre participent à la richesse de cette cartographie identitaire. La spécificité demigirl réside dans ce lien partiel au féminin, parfois mêlé à d’autres ressentis ou à l’absence d’appartenance nette à un genre. Cette identité s’exprime dans le choix des pronoms, le vocabulaire, les styles vestimentaires, autant de façons de refléter la diversité des expériences.
Quels symboles et représentations pour les demigirls ?
Le drapeau demigirl occupe une place centrale comme signe de reconnaissance. Imaginé par Transrants sur Tumblr, ce drapeau reprend trois couleurs, chacune porteuse de sens :
- le gris pour la connexion partielle au genre féminin,
- le rose pour la féminité ressentie,
- le blanc pour la neutralité de genre et l’ouverture aux identités agenres ou non binaires.
Ce drapeau rend visible une expérience du genre souvent ignorée dans la sphère publique.
Mais la représentation des demigirls va bien au-delà de cet emblème. Elle s’incarne dans les choix d’expression de genre : façon de s’habiller, de se présenter, de se nommer. Il n’existe pas de modèle unique, chaque personne adapte sa visibilité à son propre rapport au féminin. Les réseaux sociaux, où le terme s’est largement diffusé, témoignent de cette diversité de vécus et de récits.
Au sein de la communauté LGBTQ+, l’identité demigirl est reconnue comme les autres genres non binaires tels que demiboy, deminonbinaire ou demineutrois. Afficher ces symboles, c’est revendiquer son existence face à une norme binaire dominante et aux discriminations qui l’accompagnent. Les demigirls, souvent effacées ou mal comprises, trouvent dans ces codes un moyen d’affirmer leur identité et de revendiquer leur place.
Explorer des ressources pour approfondir la question du genre
Pour mieux saisir la diversité des identités de genre, il existe de multiples ressources, souvent élaborées par les personnes concernées elles-mêmes. Sur Tumblr, où le mot demigirl a émergé, on trouve un grand nombre de témoignages, de drapeaux et de guides lexicaux. Cette plateforme reste une référence pour explorer les facettes de l’expression de genre, loin des définitions figées.
Autre point d’ancrage, le forum AVEN (Asexual Visibility and Education Network) accueille depuis 2010 des discussions autour du terme demigirl, lancé par Bad Patient. Les débats y portent sur l’assignation à la naissance, la fluidité du genre, les discriminations vécues, et l’importance de disposer d’un vocabulaire adapté. AVEN éclaire également les liens entre orientation sexuelle et identité de genre, dans une société marquée par la logique binaire.
Pour une vue d’ensemble des genres non binaires, le site Genderqueerid, créé par Marilyn Roxie, recense définitions, terminologies et évolutions du vocabulaire. Cette ressource s’adresse tant aux chercheurs, qu’aux militants ou aux personnes en questionnement, et contribue à la reconnaissance d’identités telles que demigirl, demiboy ou demineutrois.
Parmi les ressources à consulter pour approfondir ces identités, on retrouve :
- Tumblr : un espace riche en témoignages et ressources communautaires
- AVEN : pour ses forums, définitions et discussions historiques
- Genderqueerid : glossaire, analyses, archives sur les identités non binaires
Cette pluralité d’espaces montre à quel point la réflexion sur le genre est vivante, en mouvement, portée par des voix multiples qui refusent d’être réduites à de simples statistiques. Les identités comme demigirl dessinent chaque jour un peu plus de nuances sur la carte du genre, faisant résonner la diversité humaine là où elle avait été trop longtemps étouffée.
